Le château de bombardé
Situé sur la contre-crête du versant nord du plateau de Fargues et dominant le Bahus, le Château de Bombardé est une ancienne caverie (de « castrum », étymologiquement proche de château), appellation intermédiaire entre seigneurie et maison de maître, mais de fonctionnalité identique : la propriété et la gestion administrative et économique d’un terroir donné.
L’Aquitaine étant définitivement revenue à la couronne de France en 1470, le domaine de Bombardé connaîtra maints changements de propriétaires qui ne font pas l’objet de ces quelques lignes.
Revenons en effet à l’Histoire. Et d’abord pourquoi Bombardé ?
Célébré en 1152, le mariage d’Aliénor d’Aquitaine avec un souverain anglais précipite bientôt la région dans la tourmente d’une guerre qui durera près de cent ans, les phases marquantes en étant pour notre propos le traité de Brétigny qui fait de l’Aquitaine un territoire anglais en 1360 et la bataille de Castillon qui met fin en 1423 à l’occupation militaire britannique, préludant comme on l’a vu au retour de la province au royaume de France.
Le château de Bombardé, stratégiquement situé et contrôlant l’accès depuis le Bahus au plateau de Fargues par l’ancienne route à l’époque perpendiculaire à l’actuelle, tire vraisemblablement son nom des bombardes, canons primitifs alors inconnus des Français mais utilisés par les Anglais lors de la bataille de Crecy (1346) et capables de tirer à courte distance de lourds boulets en pierre aussi effrayants que dévastateurs sur les adversaires potentiels qu’étaient les Béarnais.
Il est édifié vers 1412 (source : hôtel des impôts, Mont de Marsan).
Bombardé est donc au départ un poste militaire anglais, d’où les fortifications dont subsistent plusieurs traces dans l’actuelle bâtisse, entre lourdes portes et meurtrières, avec une épaisseur des murs atteignant plus d’un mètre dans la construction centrale. Car la disposition actuelle en « L » couvrant plus de 800 mètres carrés au sol n’en comptait initialement guère plus de trois cents, de forme rectangulaire, avec une façade principale non pas au sud comme de nos jours mais au nord, face à l’ancienne route remontant sur le plateau.
En témoignent des portes et fenêtres à meneaux hélas murées lors des agrandissements successifs lors des siècles suivants au nord, au sud et à l’ouest d’un cœur de bâtisse à l’origine flanqué au sud d’une tour de guet et défensive en partie extérieure et coiffée d’un dôme florentin - toujours debout - et à l’ouest d’une tourelle carrée aujourd’hui disparue dont ne subsiste qu’un accès muré depuis l’intérieur et une meurtrière visible depuis la route actuelle.
Rappelons que les Anglais ayant initié le développement du vignoble – les premiers Armagnac commercialisés apparaissent sur le marché de Saint Sever vers 1417 - Bombardé est doté d’un pressoir conséquent et de plusieurs chais sur terre battue, les occupants seigneuriaux résidant à l’étage où subsistent les traces d’une cheminée monumentale, ainsi que de fresques d’époque peintes à même les murs d’un secteur résidentiel composé d’une grande salle, d’un couloir de distribution et de deux pièces de dimensions plus restreintes.
L’une des plus anciennes maisons de Fargues aura donc six cents ans en 2012.
Souhaitons lui d’avance un bon anniversaire et de pouvoir offrir encore longtemps aux générations futures le vivant témoignage d’une Histoire locale aussi riche que variée.